Coordonnées


  • Facebook: cabinet vétérinaire de cressanges
    ROUTE DE TREBAN

    03240 CRESSANGES
  • Tél : 0470472012

Vidéos

Télécharger la fiche

La vermifugation des bovins (1)

Avec le risque d’apparition de résistance aux vermifuges, comme c’est déjà le cas chez les petits ruminants, la lutte contre le parasitisme interne chez les bovins doit être raisonnée : quelques traitements distribués « au coup par coup » ou au contraire un traitement systématique de tous les animaux ne donnent pas entière satisfaction. Il faut en revanche considérer le type d’élevage (lait, viande), les catégories d’animaux réceptifs (âge, primipare/multipare…), les facteurs favorables à l’apparition des parasites (rotation des pâtures, type de stabulation…), et accompagner le traitement antiparasitaire d’une bonne gestion du pâturage.

Cette  première fiche traite des différents parasites internes, des symptômes de l’infestation parasitaire et des modalités de la vermifugation. Nous verrons dans une 2ème fiche quels produits utiliser, comment gérer les pâtures et améliorer l’immunité du troupeau.

Pourquoi faut-il vermifuger régulièrement les bovins ?

Les parasites spolient l’organisme. Plus les animaux sont parasités et moins ils sont productifs :

  • mauvaise croissance et retard de croissance chez les jeunes,
  • productions (lait, viande) moins importantes chez les animaux adultes.
  • L’immunité des animaux parasités est moins bonne, ce qui les prédispose aux maladies infectieuses (affections respiratoires, mammites, métrites…).
  • Le parasitisme entraîne des troubles de la reproduction (infertilité) et un colostrum de moins bonne qualité chez les femelles.
  • Les animaux parasités réagissent moins bien à la vaccination (production d’anticorps insuffisante). L’idéal est de vermifuger les animaux quelques jours avant la vaccination, même si cela entraîne une double manipulation des animaux.

Quels sont les principaux parasites des bovins ?

Les principaux parasites internes des bovins sont les strongles (vers ronds) et les douves (vers plats).

> Les coccidies sont des parasites unicellulaires de l’intestin, affectant principalement les très jeunes animaux, entre 2 semaines et 3 mois, en stabulation. Les coccidioses ne se traitent pas par des vermifuges mais par des antibiotiques. Elles ne seront pas abordées dans cette fiche.

  • Les strongles digestifs (Ostertagia, Cooperia, Nematodirus, Trichostrongylus…) sont localisés au niveau de la caillette, de l’intestin grêle, du cæcum et du colon. Le cycle de développement des strongles digestifs est direct : les bovins hébergent des vers adultes qui pondent des œufs rejetés avec les bouses. L’éclosion des œufs donne naissance à des larves qui subissent plusieurs changements larvaires sur le pâturage : L1, L2 puis L3. Seules les larves L3 sont infestantes : ingérées par les bovins avec l’herbe, elles poursuivent leur développement dans le tube digestif et donnent une nouvelle génération de parasites adultes.
    Le cycle des strongles digestifs dure 3 à 8 semaines.

> Certaines larves de strongles digestifs s’enfoncent dans le sol pour résister à l’hiver (larves trans-hivernales), d’autres passent l’hiver en attente dans la muqueuse de la caillette (larves enkystées).

  • Le principal strongle pulmonaire est Dictyocaulus viviparis. Le cycle de développement est direct : les vers adultes dans le poumon pondent des œufs, qui donnent naissance à des larves. Celles-ci sont dégluties, passent dans le tube digestif et sont rejetées avec les bouses. Sur la prairie, les larves évoluent et deviennent infestantes. Ingérées par un bovin, elles arrivent dans le tube digestif, traversent la paroi intestinale et gagnent les poumons par la voie lymphatique puis sanguine. Dans les poumons, les larves atteignent le stade adulte et recommencent un nouveau cycle.
    Le cycle de D. viviparis dure 4 semaines.

> Les bovins s’immunisent contre les strongles respiratoires au cours de la 1ère année de pâture et sont ensuite bien protégés.

  • La grande douve du foie (Fasciola hepatica) est un parasite à cycle indirect, qui nécessite un hôte intermédiaire : les douves adultes vivent dans les canaux biliaires du foie des bovins contaminés, elles pondent des œufs rejetés dans les bouses. Dans des conditions favorables d’humidité et de chaleur, l’œuf donne naissance à une larve ciliée (miracidium) qui nage dans les marécages à la recherche de l’hôte intermédiaire, la limnée (petit escargot aquatique) dans lequel elle se multiplie rapidement. Les larves multipliées (cercaires) quittent la limnée et nagent vers les végétaux où elles se fixent près de la surface, devenant des larves infestantes (métacercaires). Absorbé par le bovin, le métacercaire gagne les canaux biliaires en perçant le foie et s’y nourrit.
  • La petite douve du foie (Dicrocoelium lanceolatum) est surtout connue comme parasite des ovins, mais affecte également les bovins. Le cycle (indirect) est assez proche de celui de la grande douve, avec deux hôtes intermédiaires successifs : des petits gastéropodes puis des fourmis. La transmission aux bovins peut se faire par utilisation de pâtures réservées aux ovins. Les œufs sont très résistants, ce qui signifie que les pâtures contaminées le sont toute l’année.
  • Enfin, les bovins peuvent également héberger des paramphistomes, parasites de la même classe que la douve, et dont les œufs se confondent souvent avec ceux de F. hepatica. Après ingestion au stade larvaire, par le bovin, le paramphistome pénètre dans la paroi de la caillette et de l’intestin grêle. Chez les jeunes animaux, les lésions entraînent des hémorragies locales et un flux diarrhéique avec des matières très liquides et noirâtres. Il y a amaigrissement et parfois mort de l’animal en quelques semaines. Au stade adulte, le parasite vit dans le rumen, fixé à la paroi, entre les papilles.

Quels sont les symptômes d’une infestation parasitaire ?

La strongylose digestive se traduit par un poil piqué, des diarrhées et une diminution de l’état des animaux (amaigrissement, retard de développement).

Le principal signe clinique de la strongylose pulmonaire (ou dictyocaulose) est une toux sans fièvre, un jetage, un essoufflement surtout à la fin de l’été. L’infestation peut être mortelle.

Les bovins atteints de fasciolose présentent peu de signes cliniques évocateurs : perte de poids, diarrhée… Il s’agit le plus souvent d’une découverte d’abattoir (et les foies saisis peuvent entraîner une perte économique importante).

Les signes cliniques de la dicrocœliose sont les mêmes que ceux rencontrés pour la grande douve du foie, mais sous forme encore plus discrète (ces parasites étant moins épais, ils entraînent moins de dégradation des canaux biliaires).

Enfin, la paramphistomose se traduit par un amaigrissement, une diarrhée intermittente et un météorisme transitoire.

Quand faut-il vermifuger ?

Chaque élevage étant différent, il est impératif d’établir un plan de lutte personnalisé contre les parasites internes avec votre vétérinaire au cours de la visite sanitaire d’élevage annuelle (obligatoire). Vous définissez ainsi :

  • les animaux à traiter (selon les lots ou les âges),
  • les outils diagnostiques (éléments cliniques, coprologie, sérologie),
  • les molécules utilisées,
  • les dates des traitements.

Vous aurez ainsi un plan adapté à la topographie de vos pâturages, à vos techniques d’élevages, aux résultats des analyses effectuées sur les prélèvements et aux signes cliniques observés… Vous pourrez également choisir la présentation la plus adaptée à votre organisation : pour-on, injectable, buvable, aliments médicamenteux…

> Cette démarche « raisonnée et raisonnable » est indispensable pour limiter la sélection de souches de parasites résistants aux antiparasitaires disponibles et l’impact sanitaire et écologique des molécules utilisées.

Les méthodes diagnostiques doivent être pratiquées à l’automne (coproscopie par lots et sérologie) et interprétées avec votre vétérinaire : il ne faut pas surestimer non plus l’importance de l’infestation.

N’oubliez pas de garder soigneusement les ordonnances permettant la délivrance des antiparasitaires et de respecter les temps d’attente lait et viande (certains antiparasitaires ont des temps d’attente viande très long : 196 jours).

L’objectif de la vermifugation n’est pas d’éliminer totalement les parasites internes, mais de réduire la pression parasitaire à un niveau acceptable : des bovins en bonne santé et bien nourris sont capables de développer une immunité contre les parasites en nombre raisonnable et de les éliminer par leurs propres moyens, sans que les performances du troupeau n’en soient affectées.